La constance dans la discipline… Pourquoi est-ce si important?
septembre 21, 2018La constance dans la discipline… Pourquoi est-ce si important?
Alicia, 2 ans, « teste » constamment les limites de ses parents, Jean et
Caroline… ces derniers essaient toutes sortes de trucs, mais rien ne semble
fonctionner. Pourtant, ils tentent d’être fermes, de renforcer les bons
comportements, d’imposer des conséquences pour les mauvais, d’utiliser le
retrait dans un coin ou sur une chaise lorsqu’elle fait une crise… mais, en
discutant le soir lorsque Alicia est couchée, ils s’aperçoivent parfois qu’ils
n’ont pas les mêmes attentes envers leur fille. L’un trouve l’autre trop
exigeant sur certains aspects et trop « mou » pour d’autres. De plus, chacun
d’eux ne fait pas toujours respecter les mêmes règles chaque jour… bref, la
discipline varie souvent selon leur humeur. La soeur de Jean, qui n’a pas
d’enfant, mais qui a eu un cours de psycho au Cégep, leur dit qu’ils ne sont
pas assez constants dans leurs interventions. Voilà donc l’insulte suprême :
elle qui n’a pas d’enfant saurait-elle mieux éduquer leur fille qu’eux?
Tous les parents de jeunes enfants se font faire la morale par rapport à la
sacro-sainte constance dans la discipline… les spécialistes, les psychologues,
les pédiatres, les éducatrices… et même les belles-soeurs qui n’ont pas encore
d’enfant leur saturent les oreilles avec ce concept!
Pourtant, ils n’ont pas tort. En fait, l’importance de la constance dans
l’éducation est très simple à comprendre… il suffit de vous mettre à la place
de votre enfant en prenant l’exemple d’une situation de manque de constance
à votre travail : si les attentes de votre patron envers vous n’étaient pas
claires et que votre description de tâches variait d’une journée à l’autre, vous
n’auriez d’autre choix que de procéder par « essai-erreur » pour apprendre
votre travail. L’acquisition de votre sentiment d’efficacité et de compétence
se ferait beaucoup plus lentement. Il va sans dire que vos journées seraient
beaucoup plus stressantes, ne sachant pas trop si ce que vous faites est
acceptable ou réprimandable. Ce stress risquerait même de vous rendre plus
irritable avec les autres, ce qui nuirait à la qualité de vos relations avec
collègues et patrons.
Ainsi, tant qu’il ne sait pas où se situent vos limites et comment vous
réagissez à tel ou tel comportement, votre enfant procède par « essai-erreur »
et il teste vos limites. Contrairement à ce que certains peuvent penser, il ne
fait pas exprès pour vous provoquer… en fait, il cherche à vous plaire, sans
avoir de mode d’emploi! Pour lui fournir ce mode d’emploi et pour qu’il
apprenne plus rapidement où sont les limites, il n’y a rien de tel que la clarté
des consignes, la constance dans leur application et la prévisibilité de vos
réactions.
Certains parents hésitent à établir un cadre, car ils craignent que les limites
« traumatisent » leur enfant. En fait, les limites le frustreront, mais ne le
traumatiseront pas… et les frustrations font partie de la vie et votre enfant
doit apprendre à les gérer! De plus, un encadrement est essentiel, ne serait-ce
que pour une question de sécurité. Lorsqu’elles sont constantes et que
l’enfant sait où elles se situent, les limites sont même sécurisantes pour lui,
car elles lui permettent de savoir comment obtenir l’attention positive de ses
parents et éventuellement comment agir dans différents contextes sociaux.
Bref, le cadre que lui imposent ses parents lui apprend à vivre en société…
car les limites sont partout, même pour les adultes. Le code de la sécurité
routière n’en est qu’un exemple parmi des centaines. Êtes-vous très
traumatisé lorsque vous devez freiner votre véhicule à un feu de circulation
qui vire au rouge? Frustré peut-être, mais sûrement pas traumatisé!
Les parents se plaignent souvent qu’il n’existe pas de mode d’emploi pour
élever un enfant. Eh bien les enfants non plus n’ont pas de mode d’emploi
pour savoir où se situent les limites de leurs parents et pour savoir comment
distinguer un bon comportement d’un mauvais! C’est un cadre avec des
limites claires et appliquées avec bienveillance, avec amour inconditionnel et
– je suis vraiment désolée de le répéter, mais… – avec constance, qui leur
apprendra!
Vous voyez comme c’est simple? Pas besoin d’un cours de psycho pour
comprendre ça! Mais le mettre en pratique est une tout autre histoire… le
diable est dans les détails, comme dirait l’autre!.
Rassurez-vous, un parent parfait n’existe pas et vous avez droit à l’erreur.
Même les meilleurs psychologues pour enfants de la province peuvent avoir
de la difficulté à appliquer concrètement cette constance dans leur quotidien!
Croyez-moi, j’en sais quelque chose! �
L’important, c’est de faire de son mieux!
PS : Pour plus d’informations sur l’encadrement des enfants, vous pouvez
consulter mon livre Ah! Non, pas une crise!, publié aux Éditions La Presse.