Burnout parental: être à bout de ses enfants…
février 21, 2019Burnout parental: être à bout de ses enfants…
Être parent, c’est un cadeau inouï, une source de bonheur à plusieurs égards. Plusieurs
s’accordent pour dire que c’est d’ailleurs le plus beau métier du monde, mais aussi le plus
exigeant. Et hélas, il entraîne parfois un profond surmenage. Coup d’oeil sur une réalité encore
peu connue : le burnout parental.
Le burnout parental, c’est quoi?
« L’épuisement parental provient des exigences qu’on a ou qu’on se met par rapport à la famille.
On le caractérise surtout par trois éléments : l’épuisement, la distance affective avec nos enfants
ainsi que la perte d’efficacité et d’épanouissement dans son rôle de parent », explique la
psychologue Sylvie Boucher.
Lorsqu’on parle d’épuisement, la psychologue cite en exemple le parent fatigué, épuisé, irritable,
qui a l’impression de ne plus arriver à réfléchir, et peut aussi avoir de la difficulté à bien dormir.
Son épuisement se manifeste au niveau émotionnel, cognitif et/ou physique.
En ce qui a trait à la distance affective qui survient, le parent n’a plus l’énergie pour s’impliquer
autant. Il fait le minimum. Il se sent moins proche.
Au niveau de la perte d’efficacité et d’épanouissement, il peut s’agir du parent qui ne se reconnaît
plus vis-à-vis ses enfants. Il a l’impression de ne plus être un bon parent, de ne pas ressentir de
plaisir ni d’épanouissement dans son rôle parental.
Un déséquilibre entre les exigences et la réalité
Tout comme pour le burnout professionnel (qui se manifeste en lien avec le travail), Sylvie
Boucher parle d’un déséquilibre et de l’importance de s’en rendre compte. « Dans beaucoup de
cas, c’est qu’on veut être un parent parfait, donc il y a un déséquilibre entre les exigences que
l’on s’impose et la réalité de ce qu’on est capable de faire. »
« Est-ce que ça existe être à bout de ses enfants ?»
— Carolyne (nom fictif), 34 ans, mère de deux enfants de 5 et 2 ans.
Carolyne (nom fictif), 34 ans, mère de deux enfants de 5 et 2 ans, est de ces personnes qui, à un
moment, a senti qu’il y avait quelque chose qui clochait. Elle se sentait dépassée par son rôle de
mère. Dépourvue. Submergée par ses responsabilités parentales. Bien qu’heureuse en couple,
elle ne trouvait plus son bonheur à la maison avec ses jeunes. Son travail était une délivrance.
« Un jour, j’en ai parlé à une collègue et lui ai demandé : est-ce que ça existe être à bout de ses
enfants », confie-t-elle.
Agir et lâcher-prise
Tel que souligné par Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam, coauteures du livre « Le burn-out
parental : l’éviter et s’en sortir », le burnout peut avoir des conséquences graves sur le parent
(problèmes de santé, dépendancesE), sur le couple (irritabilité, conflits, divorceE) et sur la
relation parent-enfant (négligence, violence). Agir pour s’en sortir est vital.
La psychologue Sylvie Boucher reconnaît qu’« aujourd’hui, nombreux parents ne s’assoient pas
pour réfléchir à leur vie. Ils essaient de fournir, de remplir toutes les exigences, donc ils courent
continuellement. Et c’est alors qu’arrive un déséquilibre entre les exigences et les ressources ».
Quoi faire lorsqu’on sent un déséquilibre? D’abord, il faut identifier le ou les problèmes (ou du
moins essayer). Mme Boucher avoue que dès qu’une problématique est détectée, il y a un
certain soulagement qui survient. En outre, il faut abaisser ses exigences. Puis, il importe de
demander de l’aide.
Quelques trucs pour s’en sortir
C’est d’ailleurs avec le soutien d’une psychoéducatrice que Carolyne dit maintenant voir de la
lumière au bout du tunnel.
« Elle m’aide à établir des priorités qui permettent de mieux me sentir, à lâcher-prise sur
certaines choses, à être moins exigeante envers moi et, du même coup, les autres. J’apprends à
faire des deuils comme celui de la maison propre, mais je mets en pratique maintenant des trucs
pour délimiter les jouets à un endroit. Je ne m’en fais plus si le souper n’est pas prêt à l’heure
souhaitée, je donne des crudités en attendant. Je fais maintenant des activités avec un enfant à
la fois, ce qui me permet de passer du temps de qualité avec chacun. Et aussi, je prends du
temps pour moi. »
Carolyne a aussi trouvé son salut dans l’activité physique. « Je sors courir, par exemple. Ça aide
vraiment! Le sport m’aide non seulement sur le plan physique (l’énergie et le sommeil), mais
aussi sur le plan psychologique; bien-être, réflexion, et ce fameux lâcher-prise! »
Pas de parent parfait
Le parent parfait n’existe pas. Afin d’éviter de craquer, de sentir qu’on voudrait démissionner de
son rôle de parent, Sylvie Boucher juge important de miser sur la prévention.
Elle recommande de prendre des pauses pour faire un bilan, de se questionner à savoir s’il y a
des choses qu’on pourrait faire autrement…
« On n’a pas besoin d’être un parent parfait, mais un parent suffisamment bon », tranche la
psychologue.
Pour en savoir plus sur le sujet
Livre : « Le burn-out parental : l’éviter et s’en sortir » de Moïra Mikolajczak et Isabelle
Roskam, Éditions Odile Jacob, 2017. Il a pour but d’aider à comprendre le burn-out parental, qui
toucherait autant les femmes que les hommes, et présente des conseils concrets pour s’en sortir.
Application gratuite pour tester son niveau d’épuisement parental : Dr Mood Burnout
Parental